top of page

Neurobiologie de la dépendance


un cerveau pour illuster un article de gerome ettzevoglov sur la neurobiologie de la dépendace

Parmi les recherches sur la dépendance, les plus pertinentes convergent vers un dysfonctionnement du système cérébral de la récompense.

Le système dopaminergique mésolimbique est un circuit mis en évidence en 1954 par Olds et Milner(1) ; ses structures anatomiques cérébrales furent précisées en 1977 par James Olds(2). Dénommé « MFB » - « Medial Forebrain Bundle »(3) ou "circuit de la récompense", ce process cérébral répond et participe simultanément aux principes fondamentaux d’évolution de l’espèce humaine.

L’une des nombreuses fonctions de notre cerveau est de préserver l’homéostasie ; en d’autres termes de maintenir un équilibre interne. Au fil des siècles, l’évolution de l’espèce humaine fut jalonnée de grands cycles de mutation ; ces mutations successives participèrent de la survie de l'Homme dans des environnements hostiles (virus, intempéries, famines, prédation, etc.). Ces séquences de mutation antérieures constituent une somme d’informations encodées dans nos cerveaux. Elles influencent nos comportements actuels et futurs. Des réflexes de survie sont devenues progressivement des pulsions de vie, puis des désirs de vivre ; ces derniers résultants de fortes sensations de plaisir. Le cycle « désir - action - satisfaction » est une séquence de conditionnement opérant de type béhaviorisme. Cette séquence conduit l’être humain à rechercher les moyens de la reproduire le plus souvent. Dans cette quête est née la recherche perpétuelle du plaisir. Cette séquence nous permet de mieux comprendre le circuit de la récompense (medial forebrain bundle).

Comment ce circuit conditionne nos comportements ? À la base de nos cerveaux, les neurones de l'aire segmentale ventrale (ou ATV) envoient des messagers par voie dopaminergique dans les régions frontales ; et plus spécifiquement vers le "noyau accubens" (structure cérébrale profonde située sous le cortex frontal). Les neurones de l’ATV s’expriment donc en libérant de la dopamine. Ce neuromédiateur infuse jusqu’aux neurones du noyau accubens. Ce circuit dopaminergique est l’acteur principal de toute forme de dépendance ; principal ne signifie pas unique. D’autres zones cérébrales sont impliquées. Parmi elles : - Le complexe amygdalien contribue à l’évaluation de toute expérience. Est-elle agréable ou non ? En conséquence, doit-elle être reproduite ou bannie ? Ainsi le complexe amygdalien établit des associations entre les objets de plaisir et leur environnement. - L’hippocampe mémorise les souvenirs détaillés d'une expérience. Comment s’est-elle déroulée, dans quels contextes environnemental et émotionnel, avec qui, etc. - Les régions frontales du cortex cérébral ont fonction de coordinatrices. Elles traitent les sommes de stimuli pour déterminer les actions comportementales finales. Dans ces processus élaborés, le circuit dopaminergique agit comme un rhéostat de la récompense en informant les autres centres cérébraux sur "la valeur de la récompense" de l’activité. La récompense associée à une activité se traduit par une production majorée de dopamine ; suscitant un plaisir accru. L’organisme s’en souviendra ; en ce sens il cherchera à reproduire l’activité générant le plus de dopamine. Les technologies d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et de tomographie par émission de positons (TEP) ont offert aux chercheurs des observations déterminantes dans la compréhension du circuit de la dépendance. Tous ont pu constater que le noyau accumbens d’une personne dépendante s’activait dès qu'il lui était présentée la substance. Cette région s’active sous l’effet de la libération de dopamine dans le noyau accumbens. Dans le processus de sevrage, l’hypothalamus va appauvrir considérablement son action sur l’ATV en réaction à l’absence de récompense attendue. Le manque de dopamine participe incontestablement d’un phénomène de manque (craving). Le locus coeruleus (centre d’alarme du cerveau) va alors pousser l’individu à rechercher et à renouveler la source du plaisir. Dans ce processus de dépendance, d’autres neuromédiateurs comme la sérotonine, la noradrénaline et les GABA sont également impliqués. En somme, l’ATV traite les informations quant au niveau de satisfaction des besoins des plus essentiels aux plus élaborés. Pour se faire, il recourt aux connections nerveuses alimentées par les neurotransmetteurs. Parmi-elles, la dopamine favorise le désir et l’envie et participe à des fonctions essentielles telles la motricité, l’attention, l’apprentissage et la mémorisation. La sérotonine va activer la satiété et l’inhibition. Les endorphines génèrent des sensations antidouleur, mais aussi de bonheur. Toutes ces informations sont communiquées au noyau accumbens. On comprend mieux comment sont générés les comportements addictifs, les addictions et plus globalement toutes formes de dépendances.(5)


Gerøme ETTZEVOGLOV

Auteur, conférencier, consultant Président d'honneur du Syndicat Français des Praticiens en Hypnose Intégrative®

La reproduction partielle ou totale de cet article est autorisée sous la condition d'intégrer le texte et lien suivants : ©Article d'actualité de G. ETTZEVOGLOV Expert Hypnose Nice : www.expert-hypnose.com


Téléchargez gratuitement le livre "Les Dessous de l'Hypnose en France, Immersion au Coeur d'un Univers Fascinant", Paris, Éditions EUTHYMIX, 2018." G. ETTZEVOGLOV.​

Notes de bas de page : 1)"Psychologie Science humaine et science cognitive », De Boeck université, septembre 2008, Collection "Ouvertures psychologiques »,1101p., ISBN 978-2-8041-5901-62)

2)James Olds (Chicago, 30 mai 1922-Californie, 21 août 1976) 3) Schultz W. Behavioral theories and the neurophysiology of reward. Annu Rev Psychol. 2006. 4)Rangel A, Camerer C, Montague PR. A framework for studying the neurobiology of value- based decision making. Nat Rev Neurosci. 2008.

bottom of page