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Tribune sur l'hypnose pour mieux la comprendre


tribune dans revue médicale hypnose

Notre tribune sur l'hypnose et ses pratiques a été publiée en octobre 2019 sur un site médical.


"HYPNOSE", UN TERME AMBIGU

Le terme "hypnose" est ambigu. Il désigne à la fois des états non spécifiques de conscience, leurs effets, des usages, des courants théoriques et des pratiques.

UN ANCÊTRE SULFUREUX

L’hypnose trouve ses premières sources dans les braises incandescentes du magnétisme animal et a pris corps sur les cendres encore tièdes du mesmérisme.

La période sulfureuse du mesmérisme en France commença dans la seconde partie du XVIIIe siècle quand un médecin badois, Franz-Anton Mesmer(1734-1815), quitta Vienne pour venir s’installer à Paris, Place Vendôme.

"Il pensait que l’efficacité du magnétisme Animal, c’est à dire le magnétisme relevant de l’âme, était du à un fluide dont il affirmait la réalité physique et dont l’origine proviendrait de l’influence des planètes(1)"

Le "magnétisme animal" de Mesmer agite et passionne alors l’opinion publique tout autant que la communauté médicale. Il donne cours à quantité d’écrits et d’analyses dont quatre commissions scientifiques.


QUATRE COMMISSIONS SCIENTIFIQUES

En 1784 Louis XVI nomme les deux premières commissions(2) pour analyser la pratique du magnétisme animal.

La première est constituée le 12 mars 1784 de quatre médecins de la Faculté de Paris et de cinq membres de l'Académie royale des sciences.

La seconde se compose le 5 avril 1784 de membres de la Société royale de Médecine.

Sur les observations du travail d’un disciple de Mesmer (le docteur Charles Deslon), ils concluront : "l'imagination est la véritable cause des effets attribués au magnétisme"(3)

Bailly(4) déclare dans un rapport secret au roi : "le traitement magnétique ne peut être que dangereux pour les mœurs."(5)

Les deux rapports officiels furent publiés et distribués en plus de vingt mille exemplaires. La Faculté de Médecine exigea alors de ses membres un acte dans lequel ils s'engagèrent à ce "qu'aucun docteur ne se déclarera partisan du magnétisme animal, ni par ses écrits ni par sa pratique."(6)

En 1812, Antoine-François Jénin de Montègre, secrétaire de l'Académie de médecine, écrit au sujet du magnétisme : "d’être contraire à la raison, aux bonnes mœurs, et de conduire les hommes à l’abrutissement."(7)

Au début du XIXe siècle, alors que l’Académie de médecine est absolument défavorable au magnétisme animal, le professeur Husson, médecin-chef de l'Hôtel Dieu de Paris, soutient que les traitements magnétiques ont évolué depuis l'époque le magnétisme animal initial de Mesmer. Il en redemande l’examen scientifique.

En 1826, il se voit alors confier la direction d’une commission officielle en vue de statuer sur le magnétisme animal. Cette mission va durer plus de trois ans. Les conclusions seront rendues à l'Académie des sciences en juin 1831. Il rend notamment compte de l’ablation d'une tumeur effectuée en 1829 par le chirurgien Jules Cloquet sous sommeil magnétique au cours de laquelle "la patiente n’a manifesté aucun signe de douleur »(8), et de conclure : « L'Académie devrait encourager les recherches sur le magnétisme comme une branche très curieuse de psychologie et d'histoire naturelle."(9).

Le "rapport HUSSON", issu de la troisième commission scientifique dédiée à l’étude du magnétisme, fit scandale et ne fut jamais publié par l’académie.(10)

En 1833, le médecin Frédéric Dubois publie un pamphlet(11) à succès. Il vise les magnétiseurs et le "rapport HUSSON". Dubois y relègue l'ensemble des magnétiseurs aux rangs du charlatanisme.

En 1837, il se voit nommé à la tête de la quatrième commission. Elle est chargée cette fois d’étudier les phénomènes magnétiques présentés par le docteur Berna. 
 Le "rapport DUBOIS" présenté à l'Académie de médecine les 12 et 17 août 1837 stipule " … aucun des phénomènes allégués par les magnétiseurs n'a pu être observé ".

Presque cinq années durant, Husson, Berna et tant d’autres vont protester vigoureusement en vain. 


Le 15 juin 1842, l'Académie de médecine abandonnera officiellement et définitivement tout intérêt pour le magnétisme animal et ses déclinaisons.


ET L’HYPNOSE NAQUIT DES CENDRES DU MAGNÉTISME

Ces polémiques "fratricides" ont donné naissance à quatre courants théoriques majeurs.

1. Le mesmérisme affirme que le "magnétisme animal" est du à la circulation d’un fluide animal.


2. Le spiritualisme pense agir sur la maladie par la volonté et la prière et voit les "transes magnétiques" comme des contacts avec des anges guérisseurs. 


3. Le psychofluidisme soutient que la volonté psychique est responsable de l'action magnétique.


4. L’imaginationnisme prouve par de nombreuses expériences et démonstrations publiques que seule l’imagination intervient dans la phénoménologie de ce qui est nommé "magnétisme". L’imagination catalyse des processus internes qui induisent chez des sujets un ensemble de manifestations psychologiques, comportementales et biologiques.(12)


Le magnétisme au travers de son quatrième courant "l’imaginationisme" deviendra alors "l’hypnose".(13)

L’AGE D’OR DE l’HYPNOSE

Les bases fondamentales de l’hypnose thérapeutique se sont, quant à elles, développées en France, dans l’âge d’or de l’hypnose(1889-1899) au travers des vapeurs polémiques de trois écoles de pensées : l’école de la Salpêtrière, celle de Nancy(14) et la plus discrète école de Richet(15). Mais pas seulement!

Dès 1889, le célèbre hôpital de la Salpêtrière à Paris est le théâtre de Jean-Martin Charcot(16). Dans le cadre de ses recherches sur l’hystérie, il y fait venir des hypno