Gerøme ETTZEVØGLØV™
5 Min
Mis à jour : 9 mars 2023
Parce qu’il met la vie des autres usagers de la route en péril, un chauffeur de poids lourds a l’obligation de respecter strictement des phases de repos durant ses journées de travail. Les médecins ont la santé et la vie des patients entre leurs mains. Ne doivent-ils pas aussi se reposer et évoluer dans un univers professionnel mieux adapté ? Comment est-il possible qu’une telle pression soit exercée sur les soignants sans que rien ne soit légalement prévu pour préserver leur santé, et par répercussions directes, celle de leurs patients ? Que dire des internes en hôpitaux qui font des gardes de 36 heures, voire beaucoup plus ?
"Depuis la loi de réforme de lʼhôpital votée en 2009, nombre de médecins et infirmiers se sont donnés la mort partout en France, et dans une omerta totale. Cʼest le suicide dʼun éminent professeur en 2015 qui, peu à peu, délie les langues. Face aux restructurations autoritaires et aux guerres de pouvoir, certains osent enfin briser le silence et porter plainte. Des témoignages effrayants pour lʼavenir de lʼhôpital public." (89)
Deux extraits :
"Ce brillant cardiologue de 54 ans sʼest donné la mort sur son lieu de travail après avoir longtemps dénoncé des propos et des comportements répétés qui ont détruit sa carrière et sa santé. Après ce choc, une vague de suicides sans précédent a suivi à lʼhôpital. Le passage à lʼacte du Pr Mégnien est en cours dʼinformation judiciaire. Deux juges dʼinstruction ont été désignés au sein du pôle santé. La manifestation de la vérité prend du temps en matière de harcèlement moral car les ressorts sont pervers et donc dissimulés." (90)
"Le système de santé était-il obsolète ?"
"Pas du tout ! On a des centres de recherche et des secteurs dont lʼinnovation est reconnue dans le monde entier. Certes, des services devaient être réformés, en lien avec lʼévolution des besoins, mais le gouvernement a imposé brutalement sa volonté de réforme. En outre, côté médical, on favorise une course à lʼélitisme. La figure charismatique du professeur des universités- praticien hospitalier (PU-PH), au sommet de la hiérarchie, et les usages féodaux dʼun autre temps perdurent. Le PU-PH a le pouvoir dʼécraser celui qui est trop brillant, surtout en fin de carrière, pour rester le référent. Inversement, le vieux chef de service qui aura tout transmis va se faire dégager par son élève. Quant au directeur omnipotent, il peut casser un service pour le donner à son protégé et asseoir ainsi son pouvoir au sein de lʼétablissement. Cette lutte clanique brise la chaîne humaine dʼune équipe médicale. Le harcèlement moral entre médecins est terrible, dû à leur formation, très concurrentielle : dès la première année de médecine, ils doivent se positionner dans des systèmes de parrainage. Ensuite, leurs propos restent dʼune grande cruauté quand ils intègrent lʼhôpital qui devient un bassin de moqueries, dʼhumiliations et dʼisolement, intenables pour qui ne joue pas le jeu." (91)
"L’étude sur l’état de santé des médecins généralistes s’est déroulée du 10 au 23 novembre 2017. Elle a été menée auprès de 1654 professionnels exerçant en libéral et répartis sur toute la France : 46% d’hommes, 54% de femmes ; âge moyen : 50 ans ; 83% vivent en couple, 17% vivent seuls ; 49% exercent en milieu urbain, 35% en semi-rural, 16% en rural ; 81% ont un secrétariat, 19% n’en ont pas ; 62% exercent en cabinet de groupe, 38% sont seuls.
"Le travail empêché, mal fait : travail impossible à faire convenablement en raison de la charge de travail, manque de temps pour l’éducation thérapeutique ou pour le soutien psychologique des patients, impossibilité d’utiliser toutes ses connaissances en raison des exigences, faire des choses contradictoires ou qui devraient être faites autrement, manque de communication avec les différents intervenants (spécialistes, hôpitaux, infirmiers…)…" (92)
Se tenir au chevet d'un corps médical et le maintenir tant bien que mal sur "un pied" mais dans un équilibre précaire, à "coups" de millions et de promesses, semble être un des remèdes les moins efficaces qu'il soit. Les effets secondaires impactent notre civilisation et abiment terriblement la confiance "prêtée" à la médecine conventionnelle.
Gerome ETTZEVOGLOV
Auteur, conférencier, consultant
Président d'honneur du Syndicat Français des Praticiens en Hypnose Intégrative®
La reproduction partielle ou totale de cet article est autorisée sous la condition d'intégrer le texte et lien suivants :
©Article d'actualité de G. ETTZEVOGLOV
Expert Hypnose Nice : www.expert-hypnose.com
Téléchargez gratuitement le livre "Les Dessous de l'Hypnose en France, Immersion au Coeur d'un Univers Fascinant", Paris, Éditions EUTHYMIX, 2018." G. ETTZEVOGLOV.
NOTES DE BAS DE PAGE
88) Article du 15/11/2017 : http://www.parismatch.com/Actu/Societe/suicides-a-l-hopital-mourir-pour-etre-entendu-1391846
89) Ibid
90) Ibid
91) Ibid
92) Sources : http://www.caducee.net/actualite-medicale/13760/les-medecins-generalistes-liberaux-en-burnout-selon-une-nouvelle-etude-sps.html
93) "SOS" est une association qui vient en aide aux professionnels de santé. Numéro gratuit, disponible 24h/24 et 7j/7 : 0 805 23 23 36 https://www.asso-sps.fr